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L'animal dont je viens de donner une succincte description est de Madagascar.

Il a été donné en 1861 au Muséum par M. Coquerel, officier de

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Il est difficile de ne pas confondre à première vue cet animal avec un Lombric ordinaire. Seule, la position des orifices génitaux en arrière de la ceinture révèle une organisation différente et appelle l'attention d'un anatomiste.

La ceinture est placée après le douzième anneau; elle paraît un peu échancrée au-dessous à son bord postérieur et occupe trois anneaux; les orifices génitaux mâles s'ouvrent au bord antérieur du dix-septième anneau, et le seizième étant très-court, ils sont trèsrapprochés de la ceinture.

Tous les autres caractères, la forme du corps, la disposition des soies, etc., sont d'ailleurs ceux des vrais Lombrics.

Dès qu'on a ouvert l'animal, des différences importantes se révèlent néanmoins aussitôt. La plus frappante porte sur l'appareil digestif.

On le voit commencer d'abord par un pharynx, glanduleux comme d'habitude et occupant les quatre premiers anneaux. L'œsophage se montre ensuite; mais à peine a-t-il été amorcé qu'il se renfle presque aussitôt en un premier gésier musculeux occupant le

4. Pl. I, fig. 24 et 25, et pl. iv, fig. 64 et 65.

cinquième anneau et tout semblable au gésier des Lombrics; dans le sixième anneau, l'œsophage reprend sa forme ordinaire; puis dans le septième anneau, il se renfle de nouveau et constitue un second gésier absolument identique au premier. C'est alors seulement que commence l'intestin.

L'existence de ces deux gésiers pouvant au premier abord paraître un fait accidentel, j'ai tenu à savoir exactement ce qu'il fallait en penser. Comme plusieurs individus de cette même espèce se trouvaient dans la collection, j'en ai choisi deux de provenance différente que j'ai ouverts; tous deux m'ont présenté les deux gésiers dans les mêmes conditions. On doit donc admettre qu'ils font bien réellement partie de l'organisation normale du ver dont nous nous occupons. Comme ce caractère est unique jusqu'ici, nous nous en sommes servi pour composer le nom du genre nouveau qu'il nous a fallu créer, le genre Digaster, dont l'étymologie se lit d'elle-même.

Sur le tube digestif se trouve appliqué le vaisseau dorsal. Il donne naissance dans les anneaux huit, neuf, dix, onze et douze à des anses latérales embrassant l'intestin et dont la première est moins volumineuse que les autres. Ces anses constituent cinq paires de cœurs latéraux.

Dans les anneaux dix et onze se trouvent des glandes en grappes assez volumineuses. Ce sont probablement les testicules. Il est intéressant de noter que leur aspect extérieur est tout différent de celui que présente habituellement le testicule des Lombrics, qui forme une masse pulpeuse compacte, et non pas un amas de grains disposés en grappe. Néanmoins les relations de ces glandes du Digaster avec les canaux déférents ne permettent guère de douter de leur nature.

On voit, en effet, chaque canal déférent s'épanouir au-dessous de chacune des glandes en un petit pavillon vibratile à bords trèsdéchiquetés, exactement comme cela arrive pour les autres Lombriciens.

En arrière le canal déférent1 vient s'ouvrir dans une prostate aplatie, elliptique, dont les lobules, quoique bien limités, sont réunis de manière à former une masse compacte. C'est au bord antérieur de la glande que se termine le canal déférent. De ce point naît un canal plus volumineux qui s'ouvre à l'extérieur et qui joue probablement le rôle de pénis, bien que ses parois ne soient pas très-riches en éléments musculaires; tout au moins doit-il contribuer à l'éjaculation par la contraction de ses parois.

Les poches copulatrices sont situées dans les anneaux 8 et 9 et s'ouvrent à leur bord antérieur; elles sont piriformes et courtement pédonculés. Elles sont situées, ainsi que tout le reste de l'appareil génital, en arrière du second gésier. Immédiatement en avant de la ceinture j'ai cru voir deux petits orifices. Faut-il les rattacher aux oviductes ou aux organes segmentaires? Je l'ignore; il m'a d'ailleurs été impossible de retrouver les ovaires.

Les Digaster forment, comme on voit, un type de Lombricien assez intéressant. Ils ont été rapportés de la Nouvelle-Hollande en 1846 par M. Jules Verreaux. Quelques-uns d'entre eux ont une origine plus précise; ils viennent du voisinage du port Maquerie.

GEN. PERICHETA, Schmarda.

Bien que je me propose de publier dans un mémoire spécial mes recherches sur l'organisation des Perichata, bien que j'aie déjà fait connaître par une note à l'Académie des sciences les principaux résultats d'un travail anatomique assez complet sur l'une des espèces de ce genre, je ne crois pas inutile de réunir ici ce que nous connaissons de l'organisation de ces animaux. On trouvera ainsi rassemblés dans

1. Pl. 11, fig. 25.

ce travail tous les points essentiels de nos connaissances anatomiques sur le groupe des Lombriciens terrestres, et l'on pourra plus facilement se faire une idée complète des éléments qui constituent ce groupe. Je me bornerai ici comme précédemment à l'anatomie pure et simple; l'histologie a été à dessein laissée presque partout de côté, afin de ne altérer l'homogénéité d'un travail entrepris sur des matériaux qui ne pouvaient que bien rarement se prêter aux recherches de microscopie.

pas

Le genre Perichæta a été fondé par Schmarda pour des vers dont le caractère essentiel est d'avoir sur chaque anneau un nombre considérable de soies isolées, équidistantes, formant un cercle tout autour de l'anneau et en son milieu. Ces soies sont du reste simples et en forme d's à boucles très-allongées, comme chez les autres Lombrics. Schmarda décrit cinq espèces de Perichata, les uns pourvus, les autres dépourvus de ceinture. Il est probable que ces derniers n'étaient dépourvus de cet organe que parce qu'ils n'étaient pas à l'époque de la maturité sexuelle. La ceinture est un organe d'une existence trop générale et trop constante dans toute la classe des Lombriciens pour qu'il soit permis de supposer jusqu'à preuve évidente du contraire que quelques espèces isolées dans un genre en sont complétement dépourvues à toutes les époques de leur existence, quand d'autres espèces du même genre la possèdent.

Au caractère tiré des soies, énoncé par Schmarda, M. Léon Vaillant en a ajouté un autre qui, à part les réserves à faire pour le mémoire déjà cité de Kinberg, était alors absolument exceptionnel : celui de la position des orifices génitaux mâles en arrière de la ceinture. Il a de plus étudié une espèce nouvelle que d'Udekem avait déjà eu occasion d'examiner. Ce Perichæta nouveau, qui fait partie de la collection du Muséum, a reçu de M. Vaillant le nom de Pericheta posthuma. Une autre espèce, le P. Cingulata de Schmarda, a été déterminée par M. Vaillant dans la même collection.

VIII.

13

Baird a décrit de son côté une espèce de la Nouvelle-Galles du Nord, le P. diffringens; Grube a signalé un Perichæta de Tahiti (P. tahitensis); enfin nous avons vu qu'après avoir subdivisé le genre Perichata en quatre autres, Kinberg avait décrit autant de vers nouveaux que l'on doit rapporter à ce genre. Cela fait en tout douze espèces appartenant à ce genre de Schmarda.

J'en ai moi-même ajouté précédemment une treizième, originaire de Calcutta et de la Cochinchine et que je propose d'appeler Perichata Houlleti, du nom du savant et excellent chef des serres du Muséum, à qui j'en dois la connaissance.

C'est de ce Perichæta que j'ai publié l'anatomie dans les comptes rendus de l'Académie des sciences1.

Auparavant, M. Vaillant avait publié dans les Annales des sciences naturelles l'anatomie des Perichata posthuma et cingulata. Il a le premier signalé l'existence d'une sorte de prostate chez ces animaux, ainsi que la disposition générale de leur appareil circulatoire.

Plus tard, dans une note à l'Académie publiée à la suite de la mienne, le même naturaliste a insisté sur quelques dispositions particulières de l'appareil circulatoire et du système nerveux, ainsi que sur une prétendue préférence des Perichæta pour la terre qui enveloppe les bulbes d'Orchidées. Je soupçonne que cette préférence pourrait bien tenir simplement à ce que les plantes que nous recevons le plus souvent des pays qu'habitent les Perichæta sont précisément des Orchidées.

Quoi qu'il en soit, il restait encore beaucoup à faire après le travail de M. Vaillant. J'ai été assez heureux pour combler quelques-unes de ces lacunes en faisant connaître la disposition des pavillons vibratiles qui terminent les canaux déférents, en décrivant pour la première fois les singuliers ovaires ombelliformes du Perichata

1. Comptes rendus, 1871, 2o semestre, p. 277.

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