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arrive jusqu'au dix-septième anneau en se contournant diversement; là il aboutit dans une poche particulière sur laquelle nous aurons à revenir tout à l'heure.

Dans cette poche aboutit encore constamment un tube qui se rattache à un organe allongé en forme de saucisse', d'aspect nacré, qui rappelle par sa position la prostate des Lombriciens postclitelliens, mais qui ne présente en aucune façon l'aspect glandulaire de ces dernières.

On voit encore quelquefois sur la poche du dix-septième anneau un troisième appendice formé de deux culs-de-sac greffés comme les branches d'un Y sur une tige commune.

J'ignore quel peut être l'usage de ces appendices et je n'ai pu suivre d'une manière bien exacte leurs rapports avec le contenu de la poche, qui est lui-même assez exceptionnel. Ce n'est pas autre chose qu'un pénis en forme de crochet charnu, fibreux, capable de faire saillie au dehors ainsi que je m'en suis directement assuré, mais qui demeure habituellement retiré à l'intérieur de la poche.

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C'est là, comme on le voit, un appareil copulateur des plus complets et des plus remarquables.

L'appareil femelle n'est pas moins étrange.

Il est situé dans le quatorzième anneau et son orifice extérieur n'est pas autre chose que l'orifice porté par cet anneau en avant de la paire supérieure de soies.

On voit partir de cet orifice un tube qui se recourbe plusieurs fois en se dirigeant en arrière, se renfle finalement en une poche allongée à parois plus ou moins distendues et dont l'extrémité en culde-sac se dirige en avant.

Greffés sur ce tube avant sa dilatation en poche, on voit d'abord un tube plus petit, entortillé de façons diverses, et juste en face de

4. Pl. I, fig. 26, v s.
2. Pl. 11, fig. 27 et 28.

lui une sphère assez peu volumineuse, quelquefois deux qui présentent alors un aspect un peu différent. Je n'ai pu examiner ces derniers corps que sur deux individus conservés dans l'alcool, l'un depuis 1826, l'autre depuis 1833. Mais cet examen ne peut laisser aucun doute; ce sont là des ovaires dans lesquels il est encore possible de reconnaître des œufs avec tous leurs éléments caractéristiques'.

Le membre vitelline assez épaisse a conservé sa forme sphérique ; le vitellus s'est un peu condensé et ramassé d'un côté; la vésicule transparente est encore bien nette et contient une, deux ou trois taches germinatives.

De plus, chaque œuf paraît entouré d'une couche granuleuse assez épaisse que je m'abstiendrai d'interpréter à cause des chances d'erreur que présente l'examen histologique de pièces conservées, surtout depuis si longtemps. Il n'en demeure pas moins constant que les ovaires sont ici greffés sur un appareil qu'on ne peut considérer que comme une poche copulatrice.

Je décrirai comme espèces distinctes les Eudrilus de provenance différente que j'ai eus à ma disposition, bien que les caractères extérieurs qui les distinguent soient assez fugitifs. Il me semble que les dispositions anatomiques spéciales que je vais avoir à signaler motivent suffisamment cette distinction.

EUDRILUS LACAZII 2. Edmond Perrier.

La longueur de ce ver est médiocre; sa partie antérieure est aplatie et se termine par un lobe céphalique simple; la partie posté

4. Pl. iv, fig. 76.

2. Je dédie cette espèce à mon savant et excellent maître M. H. de Lacaze Duthiers, membre de l'Institut, professeur à la Sorbonne, ancien professeur au Muséum et à l'École normale, où il a bien voulu m'appeler à lui succéder.

rieure va en s'amincissant beaucoup, elle est bien plus grêle que l'antérieure.

Comme dans les autres espèces je ne signalerai que les caractères dont je n'ai pas eu à parler en définissant le genre.

La ceinture, peu marquée, occupe les anneaux 13, 14, 15, 16, 17 et 18, en tout six.

Les pores génitaux femelles du quatorzième anneau sont situés très-nettement en avant des soies supérieures qui sont bien distinctes.

Le gésier, assez allongé, est situé à la hauteur du sixième anneau, sans que je veuille affirmer d'une manière bien positive qu'il lui appartient, les cloisons correspondantes se trouvant détruites.

On trouve des vaisseaux latéraux contractiles dans les anneaux 8, 9 et 10, peut-être 7.

Les anneaux 11 et 12 contiennent chacun une paire de testicules bien développés; il y en a une autre, mais beaucoup plus petite, dans le dixième anneau.

Dans le quatorzième anneau, sur la base de la poche copulatrice, on ne voit à l'extérieur que le petit tube tortillé et à l'intérieur, c'est-à-dire vers l'axe du corps, un petit ovaire sphérique.

Le canal déférent se rend à la bourse du pénis sans se tortiller sur lui-même; sur cette bourse sont greffés la longue poche en forme de saucisse et l'appendice en Y, qui tous deux ont un aspect fibreux très-caractérisé.

Dans tous les anneaux, même dans ceux qui contiennent les ovaires, il y a un organe segmentaire.

Ces organes, à partir du quinzième anneau, se font remarquer par leur coloration jaune-orangé. Cette coloration répond à une portion glandulaire de l'organe; celui-ci se prolonge vers l'axe du corps en un petit tube transparent, entortillé à l'extrémité duquel j'ai cherché, sans l'y voir, un pavillon vibratile. Ces organes reposent sur la face postérieure de chaque cloison.

Il y au Muséum deux échantillons de l'Eudrilus Lacazii, tous deux sont en assez mauvais état.

Ils ont été rapportés de la Martinique par M. Plée; l'un date de 1826, l'étiquette de l'autre ne porte pas de date.

EUDRILUS PEREGRINUS1. Edm. Perrier.

L'Eudrilus peregrinus est plus grand que le précédent; son lobe céphalique, bien distinct, entame postérieurement et très-nettement le segment buccal.

La ceinture occupe cinq anneaux; ses anneaux extrêmes sont le quatorzième et le dix-huitième.

L'extrémité postérieure paraît moins rétrécie que dans l'espèce précédente.

Les pores génitaux femelles du quatorzième anneau sont moins distincts, peut-être un peu plus reculés, et je n'ai pu distinguer à la loupe les soies qui doivent se trouver derrière eux.

Pour ne pas trop détériorer l'échantillon unique du Muséum, je n'ai pas voulu découvrir le gésier qui se trouve avant le huitième anneau. Cet anneau contient une anse cardiaque ainsi que les deux suivants; ces derniers sont les plus développés.

Les testicules sont situés aux onzième et douzième anneaux; je n'ai vu dans le dixième anneau qu'une sorte de toute petite masse glandulaire, absolument indéterminable.

Dans le quatorzième anneau, les organes femelles comprennent : la poche copulatrice, le petit tube entortillé qui est extérieur, une masse glandulaire située en face de lui, intérieurement et dans laquelle je n'ai pas vu d'œufs; enfin au-dessous du tube tortillé et exté

1. Je donne à ce Ver l'épithète de peregrinus à cause de sa provenance assez éloignée des Antilles, d'où proviennent les deux autres.

rieurement à lui, mais greffé comme lui sur le pédoncule de la poche copulatrice un ovaire bien distinct et que j'avais sous les yeux quand j'ai parlé des ovaires des Eudrilus dans la description du genre.

L'appendice en Y de la bourse du pénis est formé de deux branches très-inégales en longueur, appliquées l'une contre l'autre, tandis qu'elles sont égales dans l'espèce précédente.

Il n'existe dans la collection du Muséum qu'un seul individu de cette espèce; il a été rapporté de Rio-Janeiro, en 1833, par M. Gaudichaud.

EUDRILUS DECIPIENS Edm. Perr.

Ce ver a été recueilli dans la terre d'un envoi de plantes des Antilles par M. Houllet, chef des serres au Muséum, qui m'avait déjà remis quelques jours auparavant plusieurs échantillons d'une espèce nouvelle de Pericheta et qui avait bien voulu, à ma demande, porter son attention sur la terre de l'envoi des Antilles qu'il venait de recevoir. M. Houllet continue d'ailleurs à surveiller le dépotement des plantes qui lui sont envoyées, et il n'y a pas de doute que, grâce à lui, la collection de Lombriciens du Muséum de Paris ne s'accroisse rapidement et que l'histoire de ces singuliers animaux ne s'enrichisse de faits nombreux.

A l'époque où cet Eudrilus me fut remis, je n'avais encore étudié avec quelque soin que nos Lombrics indigènes et les Perichata. Je ne connaissais de Lombriciens ayant leurs orifices génitaux mâles non situés en avant de la ceinture que ces derniers et, comme les soies ne sont pas toujours très-visibles au premier coup d'œil, je crus d'abord avoir affaire à un Perichata, ce qui aurait beaucoup augmenté l'aire d'extension de ce genre. C'est à cause de cette erreur momentanée que j'ai nommé le ver qui nous occupe : Eudrilus decipiens. Quant au préfixe Eu dont j'ai fait précéder le mot grec qui veut dire ver, il provient de ce

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