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l'anneau, un peu en avant de la paire de soies inférieure et légèrement au-dessus de la soie supérieure de cette paire, relativement très-loin d'ailleurs de la paire de soie supérieure.

Lorsque les soies de chaque paire s'écartent de manière à former huit rangées simples au lieu de quatre doubles rangées, on retrouve le même orifice en avant et au-dessus de chacune des soies qui forment la seconde rangée latérale à partir de la région ventrale.

Or, comme le démontre l'inspection de l'animal et comme on pourrait d'ailleurs le conclure de sa position, cette soie est l'homologue de la soie supérieure de chacune des paires inférieures des quatre rangées que l'on observe dans le premier tiers de l'animal. Il est donc évident que l'orifice segmentaire s'est déplacé en même temps que la soie de manière à conserver avec elle les mêmes relations de position.

Il y a donc une liaison réelle entre l'orifice segmentaire et la soie qui lui correspond, et c'est là une loi morphologique qu'il était intéressant d'établir pour arriver à l'interprétation de certains faits. De cette loi nous pouvons conclure tout d'abord ceci c'est que les organes segmentaires que nous avons décrits chez l'Anteus gigas ne sont pas les homologues de ceux que l'on trouve chez le Titanus brasiliensis et chez tous les Lombriciens qui ont été étudiés jusqu'ici.

Si l'on ouvre par le dos le Titanus brasiliensis, on reconnaît immédiatement que son appareil cloisonnaire est loin d'être aussi développé que celui de l'Anteus gigas. On ne trouve ici rien qui ressemble au puissant appareil protecteur que nous avons précédemment décrit.

L'appareil digestif est muni d'un pharynx glandulaire et d'un gésier; mais l'œsophage est excessivement court. Le gésier occupe cependant le sixième anneau, comme dans l'Anteus gigas. Seulement, au lieu d'être reporté en arrière par une élongation plus grande de l'œsophage et d'entraîner avec lui les cloisons limitantes de l'anneau dont il dépend et toutes les cloisons antérieures, ici

le gésier commence avec l'anneau dont il fait morphologiquement partie et finit presque en même temps. Il en résulte que la cloison qui le maintient antérieurement et toutes les cloisons antérieures sont à peu près perpendiculaires à l'axe du corps de l'animal ; ces cloisons ne peuvent donc se recouvrir mutuellement et constituer un appareil défensif. La plus ou moins grande longueur de l'œsophage se montre ici comme l'une des causes dominatrices qui déterminent l'absence ou la présence de l'appareil protecteur formé par les cloisons antérieures. Ces modifications sont d'ailleurs probablement en rapport avec le genre de vie de l'animal, avec la nature des terrains dans lesquels il habite, la qualité des aliments dont il se nourrit, et ce sont là des rapports qu'il serait intéressant de connaître.

Nous trouvons ici, en ce qui touche l'appareil circulatoire, un perfectionnement des plus inattendus et qui est fait pour étonner dans un groupe inférieur comme celui des Lombriciens. Cet appareil se compose essentiellement d'un vaisseau dorsal et d'un ou plusieurs vaisseaux ventraux, chose dont nous n'avons pu nous assurer. Dans chaque anneau, une anse périviscérale unit le vaisseau dorsal au vaisseau ventral; dans les anneaux huit, neuf, dix et onze, cette anse prend un développement plus considérable, se renfle en une série d'ampoules irrégulièrement sphériques et constitue ainsi un vaisseau latéral, moniliforme, contractile, analogue à celui qui constitue les cœurs des Lombriciens ordinaires. Dans le quinzième anneau, les choses se passent tout autrement. Là, du vaisseau ventral naît de chaque côté une branche qui se renfle bientôt en une poche très-volumineuse occupant toute l'étendue du douzième anneau et la partie antérieure du quatorziėme; elle est adossée à la cloison antérieure de ce dernier. Postérieurement cette poche coiffe un gros organe musculaire, en forme d'olive, large à sa base, terminé en pointe postérieurement et qui occupe toute la longueur des anneaux quatorze, quinze et seize'. Sa largeur à

4. Pl. 1, fig. 45 c' et 16.

la base est presque égale à celle de l'intestin qui se trouve comprimé entre les organes musculaires de chaque côté. Cet organe est de couleur blanc rosé, comme les parois mêmes du corps; de plus il est opaque. Au contraire, les parois de la poche antérieure, bien qu'évidemment musculaires, sont transparentes et, dans l'animal conservé, colorées en bleu foncé par le sang coagulé qu'elles renferment. De l'extrémité de l'organe musculaire, un peu en dedans et un peu aussi avant la pointe de cet organe, naît un vaisseau d'assez fort calibre qui longe en remontant les paires extérieures de l'organe et vient s'ouvrir dans le vaisseau dorsal, à la hauteur de la cloison antérieure du quatorzième anneau. On reconnaît évidemment dans cette description un cœur appartenant au quatorzième anneau, un cœur parfaitement constitué et non plus un simple vaisseau contractile comme ceux qui ont été décrits jusqu'ici, un cœur pourvu d'une oreillette semi-membraneuse, d'un ventricule à parois puissamment musculaires, se rapprochant, par conséquent, autant qu'il est possible, des cœurs des animaux supérieurs.

Ce fait est certainement le premier de ce genre qui ait été signalé dans l'histoire des Lombriciens; il constitue le terme le plus élevé des modifications que peuvent subir les parties contractiles de l'appareil vasculaire de ces animaux. On ne peut même relever qu'un petit nombre de faits analogues dans l'histoire des Annélides marines. M. de Quatrefages a trouvé un cœur réduit à un ventricule, chez les Marphyses, de chaque côté du tube digestif entre l'œsophage et la portion dentaire de la trompe 1. Il signale aussi chez les Arénicoles et chez les Polyophthalmes un appareil cardiaque plus complet et constitué, comme chez le Titanus brasiliensis, par une oreillette et un ventricule; seulement le mode de constitution de ces cœurs est ici tout différent et leur homologie très-difficile à établir, pour ne pas

1. De Quatrefages. Hist. Nat. des Annelides. Suites à Buffon, t. 1er, p. 61.

dire plus. Chez le Polyophthalme d'Ehrenberg, l'intestin est couvert d'un riche lacis vasculaire qui aboutit à l'oreillette placée au-dessus de l'intestin; celle-ci communique avec le ventricule qui envoie à son tour le sang dans un vaisseau se dirigeant vers la portion ventrale. La réunion sur la ligne médiane de chacun de ces vaisseaux latéraux donne naissance à une aorte abdominale dans laquelle le sang court d'avant en arrière; un autre vaisseau naît à la fois des deux ventricules, chemine au-dessus de l'intestin en se dirigeant vers la tête et constitue une aorte supérieure dans laquelle le sang marche d'arrière en avant.

:

Chez notre Lombric, les choses ne se passent pas ainsi. Le sang revient, par le vaisseau ventral, dans l'oreillette qu'il remplit, passe de là dans le ventricule et de celui-ci dans le vaisseau dorsal. Il en résulte que dans la partie du vaisseau dorsal antérieure au treizième anneau, le sang marche d'arrière en avant et se dirige vers la tête; au contraire dans la partie du vaisseau qui suit le treizième anneau, le sang chemine d'avant en arrière; il suit une marche exactement inverse dans le vaisseau ventral, supposé unique, mais qui peut être double c'est un point sur lequel mes recherches ne pouvaient pas porter. Quant aux anses d'anastomose périviscérales du vaisseau dorsal et du vaisseau ventral, le sang les parcourt de haut en bas. Il n'est peut-être pas sans intérêt de remarquer que cette marche du sang telle que nous venons de la décrire et telle qu'elle résulte de la structure anatomique de l'animal est exactement contraire à celle que M. de Quatrefages a reconnue dans le Lumbricus trapezoïdes 1. Là le sang marche d'arrière en avant dans le vaisseau dorsal, et d'avant en arrière dans les deux vaisseaux ventraux. Dans les anses périviscérales la marche du sang est sans doute aussi de haut en bas.

Il y a relativement aux organes segmentaires quelques faits

1. Suites à Buffon. Hist. des Annélides, pl. 1.

remarquables à signaler. J'ai constaté leur existence ou du moins l'existence de tubes tout à fait analogues, dans les anneaux huit, neuf, dix et onze. Il m'a néanmoins été complétement impossible, sur trois échantillons dont les téguments étaient bien conservés et suffisamment distendus dans cette partie, d'apercevoir leurs orifices. C'est seulement entre le treizième et le quatorzième anneau que cet orifice apparaît pour la première fois, c'est-à-dire à la partie antérieure de l'anneau qui précède la ceinture; on le voit là avec la plus grande netteté. Entre le dix-huitième et le dix-neuvième anneau, il est remplacé par l'orifice génital mâle qui est plus grand et légèrement reporté en dedans. Il manque complétement entre le dix-septième et le dix-huitième anneau. Nous aurons à rapprocher ces faits de ceux qui nous seront fournis par la disposition de l'appareil génital.

De ce dernier je n'ai pu voir que la portion mâle. Elle se compose de deux longs testicules ovalaires, aplatis, fixés par un court pédoncule à la partie postérieure, inférieure et médiane de la cloison antérieure du douzième anneau. Ces testicules sont plus ou moins repliés sur eux-mêmes et autour de l'intestin; lorsqu'ils sont développés et étendus ils occupent toute la longueur comprise entre le douzième et le vingt-cinquième anneau, ils traversent par conséquent toute la ceinture et ne finissent que bien au delà de l'orifice génital. Au-dessous de leur pédoncule naît de chaque côté un canal assez court, droit, qui n'est autre chose que le canal déférent; je n'ai pu m'assurer s'il se terminait antérieurement en pavillon vibratile; postérieurement il aboutit à une sorte d'empâtement qui occupe toute l'étendue du dixhuitième et du dix-neuvième anneau. On peut ouvrir cet empâtement et on reconnaît que ce n'est pas autre chose qu'une poche à parois musculaires s'ouvrant au dehors par l'orifice génital mâle et qui peut, jusqu'à un certain point, jouer le rôle de vésicule séminale. Je n'ai

4. Pl. 1, fig. 15, l.

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