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chambres plus vastes qui paraissent indépendantes de la masse antérieure et dans lesquelles se voient les organes génitaux; puis les cloisons s'amincissent et l'on arrive ainsi insensiblement aux minces cloisons membraneuses, planes circulaires, qui, dès le quinzième anneau, ont déjà pris le caractère qu'elles conserveront jusqu'à l'extrémité du corps. Si l'appareil digestif est constitué comme chez tous les Lombriciens, il n'en est pas de même de l'appareil circulatoire, au moins en ce qui touche les organes d'impulsion.

Nous ne pouvons donner une description complète de cet appareil, borné que nous avons été dans nos recherches par la nécessité de conserver l'échantillon sans altérer en rien aucune de ses parties essentielles; mais nous pouvons signaler néanmoins quelques intéressantes particularités.

L'appareil vasculaire laisse voir tout d'abord un gros vaisseau dorsal, cylindrique dans la majeure partie de son étendue et contenant du sang coagulé, bleu foncé. Dans chaque anneau, ce vaisseau émet au moins une anse vasculaire qui embrasse étroitement l'intestin; nous ne pouvons rien dire des vaisseaux médians inférieurs ni des anses vasculaires périphériques. Mais le point remarquable est celui-ci : dans les anneaux douze, treize, quatorze, quinze, seize et dix-sept, le vaisseau dorsal se renfle en une série de grosses ampoules remplissant ordinairement chacune un anneau, mais dont quelques-unes pourraient bien être doubles, car nous en avons compté huit bien distinctes non compris les bulbes antérieurs et postérieurs par lesquels les deux troncs du vaisseau dorsal s'abouchent dans cette poche moniliforme. Dans l'échantillon que j'ai disséqué toute cette partie moniliforme avait subi un déplacement considérable au moment de la mort de l'animal; elle s'était repliée sur elle-même, de sorte qu'il était difficile d'assigner la place véritable qu'elle avait dû occuper. Pour avoir une idée de ce déplacement il suffira de consulter la figure 13 où l'on verra que, tout en correspondant à six anneaux au moins, la poche

entière semble contenue dans les seizième et dix-septième an

neaux.

Les parois de ce renflement moniliforme sont bien évidemment musculaires. On doit donc le considérer lui-même comme un cœur véritable. La contractilité, que l'on constate en général dans tout le vaisseau dorsal, s'est ici concentrée en un seul point. Il s'est formé là un véritable cœur impair longitudinal, tout à fait exceptionnel jusqu'ici chez les Lombriciens.

Ce cœur n'est pas du reste le seul organe d'impulsion du sang. Lorsqu'on a ouvert les cloisons de la partie antérieure du corps, on remarque dans les poches qui dépendent du septième, du huitième, du neuvième et du dixième anneau deux anses vasculaires latérales, tout à fait analogues à celles qui constituent les cœurs latéraux chez les autres Lombriciens. De ces anses, celle du septième anneau est d'un petit calibre; au contraire, celle du dixième est volumineuse et renflée en ampoule. Les autres vont graduellement en diminuant de calibre du dixième anneau au septième.

Toutes les quatre ne sont peut-être pas également contractiles, mais elles sont morphologiquement équivalentes. On peut donc dire que l'Anteus gigas possède un cœur dorsal impair moniliforme et quatre paires de cœurs latéraux sous forme d'anses anastomotiques entre le vaisseau dorsal et le vaisseau ventral.

C'est dans le onzième et le douzième anneau, dans la ceinture même par conséquent et en arrière du gésier, contrairement à ce qui se voit chez les vrais Lombrics, que se trouvent les testicules. Ce sont de très-grosses glandes aplaties de haut en bas, refoulant derrière elles les cloisons qui les suivent et attachées à la partie inférieure et médiane de la face postérieure de la cloison qui les précède. Ces cloisons sont épaisses, nacrées, ne présentent d'autre orifice que celui que traversent l'intestin et les vaisseaux qui lui sont accolés. Chaque paire de testicules est donc complétement enfermée dans une poche parfaitement

close et ne communiquant à l'extérieur que par un seul orifice, celui de l'organe segmentaire.

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Ces organes présentent d'ailleurs dans ces deux anneaux et dans les sept suivants qui font également partie de la ceinture un calibre plus considérable. Au lieu d'être pelotonnés comme chez la plupart des Lombrics, ils sont simplement un peu flexueux; leur calibre est suffisant pour qu'on puisse les injecter facilement par leur orifice extérieur, qui est lui-même fort apparent sur la ceinture. Chacun d'eux est terminé par une sorte de houppe formée par une série de replis membraneux implantés sur sa portion terminale libre. Cette houppe constitue le pavillon vibratile au milieu duquel s'ouvre le canal.

Bien que nous ayons soigneusement recherché les canaux déférents, nous n'avons rien vu qui pût en être considéré comme la trace. Nous croyons donc qu'ici les organes segmentaires des anneaux génitaux en tiennent lieu.

Dans les anneaux qui suivent le vingtième, les organes segmentaires sont de bien plus petit calibre, plus ou moins pelotonnés, et leurs circonvolutions sont reliées par une membrane qui fait apparaître chacun d'eux comme une sorte de lame frangée aplatie dont l'apparence n'a, au premier abord, rien de commun avec celle que présentent les organes segmentaires des anneaux antérieurs.

Nous n'avons pas vu d'ovaires. Cette circonstance nous portait à penser que le Ver qui nous occupe n'était pas hermaphrodite, mais il y a dans le septième anneau, au moins, une poche sphérique qui ressemble beaucoup à une poche copulatrice; ce fait nous commande par conséquent une grande réserve en ce qui touche la dioïcité de l'Anteus. Si incomplets que soient les détails que nous venons de donner, on voit qu'ils sont plus que suffisants pour justifier l'établissement d'un

4. Pl. 1, fig. 44.

genre nouveau, s'éloignant à bien des titres de tous les genres connus. Le Ver qui en est jusqu'ici l'unique représentant portait dans la collection du Muséum le nom générique d'Hypogeon; mais il ne présente aucune trace de la rangée de soies dorsales attribuée à ce genre par Savigny. Ce n'est donc certainement pas un Hypogeon.

Nous faisons dès à présent la même remarque pour le Ver brésilien dont nous allons maintenant nous occuper et qui doit aussi constituer un genre nouveau.

GEN. TITANUS. Nov. gen.

C'est encore pour un Ver de très-grande taille qu'est fondé le genre dont nous allons parler.

Le Muséum possède de ces Vers plusieurs échantillons venant du Brésil et dont le plus grand atteint 1,26 de long. Tous ces échantillons se rapportent à la même espèce qui est jusqu'à présent unique dans son genre et dont la description tiendra lieu, pour le moment, de caractéristique pour ce dernier.

Nous lui donnerons, à cause de son origine, le nom de :

TITANUS BRASILIENSIS1 Ed. Perr.

Longueur, pouvant atteindre un mètre vingt-six centimètres, plus grêle que le précédent, du moins si l'on s'en rapporte aux individus conservés dans l'alcool que j'ai eus à ma disposition; la portion antérieure du corps est moins fortement renflée; l'animal tout entier paraît beaucoup moins robuste.

La ceinture commence après le quatorzième anneau (y compris

1. Pl. 1, fig. 45 et 16.

VIII.

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l'anneau buccal); ses téguments ne sont pas très-épaissis, D'ailleurs elle commence franchement et non pas graduellement comme dans l'Anteus gigas, Elle comprend neuf anneaux et finit également brusquement; elle est d'ailleurs incomplète et interrompue dans toute sa longueur par une large bande ventrale longitudinale, qu'on ne trouve pas bordée de bandelettes comme dans l'espèce précédente, C'est au point de jonction de cette bande et des bords de la ceinture proprement dite que se trouvent les orifices génitaux mâles, entre le dixhuitième et le dix-neuvième anneau. Ces orifices sont très-nets et bordés extérieurement par un petit bourrelet circulaire.

Les soies présentent une disposition remarquable, analogue à celle qui a été signalée par Kinberg, dans les genres Alyattes et Eurydames du Brésil et de Panama. En avant de la ceinture, elles forment comme d'ordinaire quatre doubles rangées. Les deux soies qui constituent chacun des termes de ces rangées sont très-rapprochées, presque contiguës, comme cela se voit chez presque tous les Lombrics. En arrière de la ceinture, elles paraissent déjà plus écartées l'une de l'autre, et cet écart va en augmentant jusqu'à la partie postérieure du corps. Il en résulte que dans les deux derniers tiers du corps de l'animal on distingue non plus quatre, mais huit rangées de soies; seulement chacune de ces rangées, au lieu d'être formée par des paires de soies, est formée par des soies simples et isolées. Les quatre rangées d'un même côté sont parfaitement équidistantes et occupent, à elles quatre, tout le flanc de l'animal. La rangée supérieure et la rangée inférieure de droite sont séparées de leurs homologues de gauche par une distance égale au triple de celle qui sépare deux rangées consécutives du même côté.

Ces soies sont d'ailleurs en forme d'S et ne présentent aucune particularité intéressante.

Dans toute la région où les soies sont disposées par paires, l'orifice des organes segmentaires se trouve placé sur le bord antérieur de

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