Hình ảnh trang
PDF
ePub
[blocks in formation]

RECHERCHES

POUR SERVIR A L'HISTOIRE

DES

LOMBRICIENS TERRESTRES

PAR

EDMOND PERRIER

AIDE NATURALISTE AU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE, MAITRE DE CONFÉRENCES
A L'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE

De tous les animaux, les Lombriciens ou Vers de terre sont peutêtre ceux qu'on a le moins étudiés.

Il n'y a pas vingt ans qu'on a acquis les premières notions précises sur nos Lombrics indigènes, et, malgré les travaux publiés jusqu'à ce jour, Claparède pouvait encore écrire, il y a deux ans, sur le Lombric terrestre, un volumineux mémoire qui est loin d'avoir épuisé l'histoire anatomique de cet animal.

Si nos Lombrics indigènes ont tardé si longtemps à être connus, c'est bien pis encore pour les Lombrics exotiques. A peine en a-t-on signalé quelques espèces par des descriptions rapides, à peu près uniquement remplies par la liste des caractères extérieurs.

C'est dire que toute une classe d'animaux, aussi distincte de ses

voisines que les oiseaux peuvent l'être des mammifères, ne nous est encore connue que par quelques-uns de ses types. C'est là ce qui nous a engagé à étudier avec soin la collection des Lombriciens du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Monsieur le professeur Deshayes a bien voulu nous autoriser à faire sur les échantillons de la collection toutes les opérations qui nous paraîtraient nécessaires à leur étude; nous l'en remercions ici. Nous avons, en conséquence, ouvert un certain nombre de doubles et même quelques individus uniques, en prenant soin néanmoins qu'ils ne fussent, après cette opération, en aucune façon détériorés et puissent reprendre dans la liqueur la forme qu'ils avaient avant.

Ce genre de recherches a dû limiter beaucoup l'étendue de nos études sur chaque animal. Bien des questions délicates ont dû être réservées; néanmoins nous en avons vu assez pour nous assurer que sous une apparence extérieure des plus uniformes, les Lombrics devaient présenter une variété de types presque aussi grande que celle qu'on observe chez les véritables annélides, variété qu'il était impossible de soupçonner à l'avance.

Notre travail se composera de trois parties.

Dans la première nous ferons un historique rapide des travaux publiés jusqu'à ce jour sur les Lombrics, et nous préciserons autant que possible les problèmes que pouvait soulever l'étude de ce groupe. La seconde partie sera consacrée à l'étude particulière de chacun des types que nous avons eus à notre disposition.

Enfin, dans la troisième partie, nous exposerons les résultats généraux qui paraissent se dégager de notre travail.

[blocks in formation]

Nous ne nous arrêterons pas ici sur les premières phases de l'histoire des Lombriciens.

Linné les confondait avec tout ce qui était mou dans sa grande classe des Vers. Cuvier, les réunissant aux sangsues, en faisait l'ordre des Abranches de sa classe des Annélides; dans cet ordre, les Lombrics étaient néanmoins séparés des sangsues à cause de la présence de soies locomotrices sur leurs téguments. Ils formaient pour la première fois une famille naturelle, celle des Annélides abranches sétigères.

Telle était encore, en 1830, la manière de voir de Cuvier relativement aux Lombriciens.

C'était un progrès sur Lamarck qui, tout en plaçant dans un ordre particulier les Sangsues et les Lombrics, unissait à ces derniers un certain nombre d'animaux appartenant à un tout autre groupe. Dans la classification de Lamarck, les Lombriciens vrais ne forment qu'un seul genre de la famille des Annélides apodes échiurées.

En 1820, dans son système des Annélides, Savigny réunit aussi dans un même ordre les Lombrics et les Échiures, qui sont maintenant des Géphyriens; mais il forme pour les Sangsues un ordre particulier. celui des Hirudinées. D'ailleurs, dans son ordre des Lombriciens, Savigny fait deux familles : l'une pour les Lombriciens vrais, l'autre pour les Échiures et les animaux analogues, qu'à l'exemple de Lamarck, il rapproche des Lombrics. Savigny est le premier qui ait indiqué quelques divisions dans le genre Lombric. II sépara, sous le nom d'Hypogeons, des Lombrics qui avaient une rangée de soies dor

sales, de même qu'il créa le genre Clitellio pour des vers qui se rapprochent de nos Naïs.

De Blainville, en 1828, donna dans le Dictionnaire des Sciences naturelles une classification des Vers dans laquelle les Lombrics, considérés comme famille distincte, concourent, avec la plupart des Annélides errantes, à former l'ordre des Entomozoaires Chétopodes homocriciens.

En 1838, M. Milne Edwards réunissait encore aux Lombriciens, pour former la famille des Annélides mésobranches terricoles, les Thalassémiens qui sont, comme nous l'avons dit plus haut, des Géphyriens, et les Clyméniens qui sont de véritables Annélides. Plus tard, en 1841, il adopte purement et simplement, en changeant un peu les noms, le groupement de Savigny.

Ce n'est qu'en 1845, dans une publication de Johnston 1, que les Lombriciens apparaissent formant un ordre spécial. Grube a adopté cette manière de voir dans son ouvrage intitulé die Familien der Anneliden; il fait avec les Lombriciens l'ordre des Annélides oligochètes et divise cet ordre en deux familles : Lumbricina, Naïdea. Ce nom d'Annélides oligochètes a été adopté par Claparède dans les nombreux travaux qu'il a publiés sur ce sujet. Au contraire, d'Udekem a conservé le nom de Lombriciens, qu'avait créé Savigny et que nous n'avons aucune raison de rejeter.

Nous arrivons à l'opinion de l'auteur français qui s'est le plus occupé des Annélides, M. de Quatrefages.

M. de Quatrefages limite tout autrement que ses devanciers la classe des Annélides; il réserve ce nom aux Vers dioïques, à corps composé d'anneaux portant des pieds en forme de mamelon et armés de soies exsertiles et rétractiles.

Dans ce système, les Géphyriens, les Lombriciens et les Hirudi

1. Annals of Natural History, t. XVI. 1845.

« TrướcTiếp tục »