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Ces organes sont connus depuis longtemps.

Willis, Morren, Leo les ont décrits chez le Lombric comme des vésicules aériennes, des espèces de trachées. Dugès constata que les tubes qui y sont annexés sont pourvus de cils vibratiles et contiennent un liquide aqueux. Henle1 fit la même observation en ce qui concerne l'Enchytræus, petit ver transparent, plus voisin des Naïs que des Lombrics, mais habitant la terre humide, comme ces derniers.

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Déjà, en 1823, Gruithuisen les figure chez sa Naïs proboscidea, et en 1828 chez divers Chatogaster; il leur attribue, comme tous les auteurs dont nous venons de parler, le rôle d'organes respiratoires. C'est aussi l'opinion de Siebold qui signale le premier l'ouverture interne de ces organes dans les Tubifex rivulorum, Lumbriculus variegatus, Naïs elinguis, et même chez l'Enchytræus albidus. Mais il n'a pu voir cet orifice chez les Lombrics dont les organes segmentaires sont compliqués d'un appareil vasculaire très-développé. La première bonne description de ces organes et de leur mode de terminaison, chez le Lombric terrestre, a été donnée en 1853, par Gegenbaur, qui attribue à Leydig la découverte de l'orifice interne de ces canaux ; mais le Mémoire de Leydig sur la Branchiobdelle et la Pontobdelle auquel il est fait allusion n'est que de 1852.

A peu près à la même époque, et un peu avant le travail précédent, d'Udekem publiait son mémoire sur le Tubifex rivulorum, daté du 5 février 1853 et, pour la première fois, il attribuait nettement aux organes segmentaires le rôle d'organes sécréteurs et excréteurs; il les comparait aux reins des animaux supérieurs. Cette interprétation de d'Udekem a été depuis universellement adoptée.

C'est ici que doit se placer le travail du docteur Williams dont nous

1. Archiv. für Anatomie von J. Müller, 1837. Über Enchytræus.

2. Nova Acta Academiæ Leopoldina curiosorum naturæ, t. XI.

3. Manuel d'anatomie comparée, pag. 246, t. I. (Trad. franç., 1849.)

4. Zeitschrift für wissenschaftliche Zoologie, t. IV.

5. Mémoires couronnés de l'Académie royale de Belgique, t. XXVI, 1854-4855.

avons déjà parlé. Ce naturaliste, reprenant les travaux de ses devanciers, y ajoutant ses propres observations, considère l'existence des organes segmentaires comme l'un des traits fondamentaux de l'organisation des Annelės. On les retrouve en effet chez les Hirudinées, chez la plupart des Annélides, et quelque chose d'analogue existe chez ła Bonnellie, comme l'a montré M. de Lacaze-Duthiers, et même chez les Rotifères; à ce point de vue, M. Williams a raison d'attribuer une grande importance à ces organes; il va beaucoup plus loin.

Pour lui les organes segmentaires représentent en quelque sorte la portion génitale du zoonite. Ils ne se spécialisent pas de cette façon dans tous les anneaux; mais partout où se trouve un organe tenant en quelque façon à la génération c'est, selon M. Williams, par une transformation de tout l'organe segmentaire ou de l'une de ses parties que l'organe en question est produit. Cette idée conduit M. Williams à dire qu'il n'existe pas d'autre canal déférent que les organes segmentaires des anneaux où sont situés les testicules; que les testicules sont greffés sur la base de ces organes et possèdent avec eux une ouverture extérieure commune ; qu'il en est de même pour les ovaires et les oviductes.

Ce sont là manifestement des erreurs anatomiques qu'il eût été facile à M. Williams d'éviter.

Toutefois il y a dans cette doctrine quelque chose à garder. Depuis le mémoire de Williams, depuis ceux de d'Udekem, l'étude des Lombriciens aquatiques a fait, entre les mains de Claparède, de grands progrès. Dans deux mémoires publiés par les archives de la Société des sciences physiques et naturelles de Genève1, Claparède s'occupe de la structure des Lombriciens, auxquels il donne le nom d'Annélides oligochêtes".

4. Tome XVI, 2o partie, 1862.

2. Recherches sur les Annelides, Turbellariés, etc., du golfe de Naples; et Recherches anatomiques sur les Oligochètes.

Il est surtout question dans ces mémoires du groupe des Naïdiens, et l'auteur y démontre que, dans tous ces animaux, les glandes génitales se développent indépendamment des organes segmentaires; mais que les canaux déférents ne sont pas autre chose que des organes segmentaires diversement modifiés. Il va plus loin et soutient que les poches copulatrices ne sont également que des modifications de ces mêmes organes et parfois de leur portion inférieure seulement, la portion supérieure se terminant comme d'habitude en pavillon vibratile et allant se greffer sur l'organe segmentaire de l'anneau suivant. Ainsi Claparède admet les doctrines du docteur Williams, sauf cependant en ce qui touche les testicules et les ovaires qui, bien évidemment, ne sont jamais greffés sur des organes segmentaires.

Il est remarquable, en effet, que, chez tous les Naïdiens, les organes segmentaires disparaissent dans tous les segments génitaux et qu'à leur place on trouve des organes qui leur ressemblent jusque dans leur forme (canaux déférents, oviductes) ou tout au moins s'ouvrent à l'extérieur par un orifice à peu près placé comme le leur (poches copulatrices).

Cette coïncidence perd peut-être un peu de sa valeur si l'on remarque que, chez les Naïdiens, les organes segmentaires manquent encore souvent dans les quatre ou cinq premiers anneaux du corps, bien que ceux-ci ne contiennent ni canaux déférents, ni poches copulatrices; que de plus ces mêmes anneaux sont fréquemment modifiés de manière à ne pas ressembler à ceux qui les suivent, comme on le voit chez plusieurs Naïs et chez les Dero, où le faisceau supérieur des soies disparaît. Néanmoins la coïncidence en question existe et, jointe à l'analogie de la forme et de la fonction, excrétive dans les deux cas, des canaux déférents et des organes segmentaires, elle suffit à donner un certain poids à l'opinion commune de Claparède et de Williams.

Quand on passe des Naïdiens aux véritables Lombrics, une grosse difficulté se présente toutefois à ce sujet : c'est que chez ces derniers

les organes segmentaires coexistent ordinairement avec les canaux déférents et les poches copulatrices, dans les anneaux génitaux. L'homologie n'est donc plus possible et il fallait s'y attendre, dit Claparède, car, chez les Lombrics, l'orifice des poches copulatrices est situé tout autrement que celui des organes segmentaires. Le premier est trèsrapproché de la paire de soies supérieures, tandis que les seconds sont compris au contraire entre les deux paires de soies inférieures. Quant au canal déférent, il traverse plusieurs anneaux sans appartenir plus spécialement à aucun d'eux et doit être, suivant Claparède, considéré comme un organe de nouvelle formation.

De prime abord cette conclusion paraîtra étrange. Physiologiquement, ces divers organes jouent chez les Lombrics le même rôle que chez les Naïs; anatomiquement, ils présentent exactement la même constitution; il est très-surprenant que dans des animaux aussi voisins, pour former des organes presque identiques dans la forme et dans la fonction, la nature ait employé des procédés différents.

De deux choses l'une: ou l'homologie généralement acceptée pour les Naïs est aussi vraie pour les Lombrics, ou elle est fausse pour les deux groupes d'animaux. Tel est le dilemme qui semble s'imposer de lui-même aux naturalistes.

Tandis que Claparède s'efforçait de l'esquiver, le docteur Ray Lankester1 proposait une solution, sans l'appuyer cependant sur aucun fait d'observation.

Pour lui, on doit considérer le zoonite du Lombricien comme portant normalement quatre paires de soies symétriquement placées et quatre organes segmentaires s'ouvrant, deux dans la région ventrale, deux sur les côtés, entre les paires de soies latérales; mais dont il ne peut cependant préciser davantage la position. Chez les Naïs, l'organe segmentaire supérieur avorte constamment; chez les Lom

1. Quarterly Journal of microscopical science, janvier 1865.

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briciens cet avortement se produit aussi dans presque tous les anneaux, sauf cependant dans les anneaux génitaux où les organes segmentaires supérieurs persistent, pour former les canaux déférents et les poches copulatrices.

Cette théorie est ingénieuse; mais elle ne peut être défendue sérieusement que si toutes les conséquences qu'elle entraîne avec elles sont vérifiées par l'observation. Ces conséquences sont les sui

vantes :

1o On ne voit pas à priori de raison pour que les poches copulatrices et les vaisseaux déférents occupent plutôt tel ou tel anneau que tel autre. On doit donc s'attendre à voir les positions relatives de ces organes varier dans les différents types de Lombriciens vrais;

2o Dans un anneau qui présente déjà un organe segmentaire, on ne doit jamais trouver à la fois une poche copulatrice et un canal déférent;

3° Si la condition fondamentale du zoonite est réellement de posséder quatre organes segmentaires, on ne voit pas pourquoi l'organe supérieur avorterait toujours, sauf dans les anneaux génitaux; on doit dans certains types en retrouver des traces, et ces types doivent pouvoir conserver, au moins dans quelques anneaux, quatre organes segmentaires;

4° L'avortement doit pouvoir porter tout aussi bien sur le système inférieur que sur le système supérieur; il doit donc y avoir des types dans lequel c'est l'organe supérieur qui persiste et l'organe inférieur qui avorte;

5° Il doit être possible de rattacher morphologiquement chaque série d'organes segmentaires à une autre série d'organes plus constants de manière à pouvoir affirmer, quand il n'y a qu'une seule paire d'organes segmentaires, que cette paire dépend de tel ou tel système;

6o Il doit enfin y avoir des cas où l'organe segmentaire et le

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