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nées forment autant de classes distinctes ayant une valeur équivalente à celle des Annélides proprement dites. Cette manière de voir paraît la plus naturelle. Le mode d'existence des Lombriciens, l'absence chez eux de métamorphoses, la disposition tout autre de leur appareil locomoteur, l'absence constante d'appareils respiratoires comparables aux branchies des Annélides, l'hermaphroditisme à peu près général de toutes les espèces sont autant de caractères dont la valeur est certainement supérieure à celle des caractères qui séparent, par exemple, les Coléoptères des Orthoptères dans la classe des Insectes. Les Lombriciens, tels que les comprennent tous les naturalistes aujourd'hui, sont tout aussi différents des véritables Annélides que les Arachnides le sont des Insectes et des Crustacés. Si l'on adopte le nom de classes pour les groupes d'articulés dont nous venons de parler, il faut l'adopter aussi pour le groupe des Annélides, comme l'entend M. de Quatrefages, pour ceux des Lombriciens et des Hirudinées. Une certaine similitude trompeuse dans la forme extérieure ne peut être un argument suffisant contre cette manière de voir; aussi devonsnous nous étonner de cette rubrique : ORDRE DES ANNÉLIDES LOMBRICINES, que M. Léon Vaillant a placée en tête de son tableau de la classification de ces animaux', tableau qui n'est pour ainsi dire que le prologue d'un ouvrage devant compléter les trois volumes que M. de Quatrefages a publiés sur les Annélides, dans les Suites à Buffon de Roret.

Les Lombriciens étant admis comme classe distincte, nous devons maintenant faire connaître les principaux travaux dont ils ont été l'objet.

Les premiers mémoires anatomiques traitant spécialement des

4. Annales des Sciences naturelles, 5o série, t. X.

VIII.

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Lombrics sont ceux de Montègre1, Leo et Morren '. lls traitent du Lombric comme l'ouvrage de Strauss traite du hanneton. Les principaux organes y sont décrits, mais avec de nombreuses erreurs; ainsi Montègre croyait les Lombrics vivipares, Leo prend les testicules pour les ovaires et les vésicules séminales ou poches copulatrices pour des testicules. Néanmoins il donne aux canaux déférents qu'il a le premier signalés, leur véritable signification. Morren commet les mêmes fautes, sans parler des canaux déférents.

En 1828, Dugès publie dans les Annales des Sciences naturelles un travail intitulé: Recherches sur la circulation, la respiration et la reproduction des Annélides abranches. Dans ce travail, Dugès décrit six espèces de Lombrics sur lesquelles ses observations ont porté; sa description de l'appareil circulatoire est assez exacte; il en est de même, au point de vue anatomique pur, de sa description des appareils génitaux; seulement ses déterminations physiologiques sont fautives; il prend, lui aussi, 'les testicules pour des ovaires, les vésicules séminales pour des testicules; mais il décrit et figure surtout fort bien les canaux déférents qu'il prend pour des oviductes. On retrouve dans sa figure les pavillons vibratiles terminaux de ces canaux; mais dans le texte il donne ces pavillons comme constitués par le pelotonnement des ́oviductes.

L'erreur dans laquelle sont tombés presque tous les auteurs relativement aux testicules s'explique par la quantité considérable de grégarines à tous les degrés de développement que renferment ces organes. Ces grégarines, lorsqu'elles sont à l'état de psorospermies ou de pseudo-navicules, ont effectivement la forme de petits œufs et, chose remarquable, j'ai trouvé des organismes en tout semblables dans les testicules d'un Pericheta venant de Calcutta et dans ceux du

1. Mémoires du Muséum d'Hist. nat. 3o cahier, 1815.

2. Diss. inaug. de structura Lumbrici terrestris, 1820.

3. Lumbrici terrestris historia naturalis nec non anatome, 1822.

Ver des Antilles que j'ai désigné sous le nom de Eudrilus decipiens. II semble donc que ces grégarines soient un parasite constant du testicule des Lombriciens terrestres.

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Henle, le premier, décrivit exactement le contenu des testicules1. Stein leur attribua leur véritable signification; mais Meckel, prenant un terme moyen, vit, dans les véritables testicules, des ovaires et des testicules accolés, et Von Siebold émit l'idée que chez les Lombrics le testicule et l'ovaire étaient invaginés l'un dans l'autre. Pour Steenstrup, les glandes en question sont, chez certains Vers, des testicules, et, chez d'autres, des ovaires.

On voit par ces citations combien cette question est demeurée longtemps embrouillée. Par la découverte des véritables ovaires, Jules d'Udekem détermina enfin le véritable rôle de chaque partie; il montra que les glandes controversées étaient purement et simplement des testicules, que leur produit se déversait à l'extérieur par une paire de canaux s'ouvrant très en avant de la ceinture et se terminant chacun par deux pavillons vibratiles, englobés dans l'enveloppe membraneuse des testicules. Quant aux ovaires, il les trouva vers le treizième anneau, de chaque côté de la chaîne ventrale; mais ne put voir comment ils communiquaient avec l'extérieur. On reproche à d'Udekem d'avoir attribué à de petits corps placés auprès des poches copulatrices le rôle de glandes capsulogènes, d'avoir considéré même quelquefois comme telles de véritables poches copulatrices. Ce reproche est fondé; néanmoins, le mode de sécrétion de la capsule qui enveloppe les œufs est encore à trouver, et il n'est pas démontré le moins du monde que ce soit la ceinture qui effectue cette sécrétion comme le veulent quelques auteurs.

4. Müller's Archiv., 1835. Uber die Galtung Branchiobdella und über die Deutung der inneren Geschlechtsglider der Anneliden.

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Le travail de d'Udekem, couronné par l'Académie de Belgique en 1853, n'avait pas encore épuisé la question. En 1857, un étudiant en médecine de Leipzig, Ewald Hering, publia dans le Zeitschrift für wissenschaftliche Zoologie de von Siebold et Kölliker, un remarquable travail qui complète les résultats de d'Udekem. Hering a démontré que les ovaires étaient greffés sur les téguments et ne s'ouvraient pas directement à l'extérieur. Les œufs, à leur maturité, tombent dans la cavité générale du corps; ils sont alors recueillis par des pavillons vibratiles à pédoncule très-court, logés, pour le Lumbricus terrestris, dans le quatorzième anneau du corps et qui, eux, s'ouvrent à l'extérieur.

Hering étudia en même temps avec soin l'accouplement des Lombrics, confirma quelques-uns des faits trouvés par ses prédécesseurs, et signala le premier une paire de soies, plus grosses que les autres, situées au quinzième segment, au point même où s'ouvrent les canaux déférents. Nous retrouverons des soies analogues chez d'autres espèces; elles jouent dans le phénomène de l'accouplement un rôle variable, mais d'une importance probablement assez grande. Hering démontra enfin que la semence n'est pas déposée directement dans les poches copulatrices; mais qu'elle est éjaculée dans une sorte de gouttière temporaire formée par les téguments pendant l'accouplement et qui va de la ceinture aux orifices des poches copulatrices. La semence chemine dans cette gouttière par l'effet de contractions rhythmiques exécutées par les parois du corps. Ce fait, vrai pour les Lombrics de notre pays, ne l'est sans doute pas pour ceux des Lombriciens exotiques que nous trouverons pourvus d'un appareil copulateur bien développé.

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Les découvertes de d'Udekem et de Hering furent assez vivement attaquées en 1858 par le docteur Williams (de Swansea) 1 qui nia d'une manière absolue l'existence des canaux déférents, celle des pavillons

1. Transactions of the Royal Society, vol. CXLVIII, 1858.

vibratiles découverts par Hering et même l'existence réelle des ovaires.

Malheureusement pour lui, le docteur Williams s'est laissé entraîner par une idée préconçue; c'est ainsi qu'il n'a pas vu des choses que tous les observateurs consciencieux ont retrouvé sans trop de peine, ont pu revoir avec la plus grande netteté et qui ont été figurées de nouveau, en 1865', par l'un de ses compatriotes, le docteur Ray Lankester.

Toutefois le docteur Williams a introduit dans la science des idées morphologiques qui paraissent justes, quand on ne veut pas les exagérer, et qui ont été adoptées en particulier par Claparède et par Ray Lankester.

Ce sont ces considérations morphologiques que nous allons maintenant exposer.

Chez un grand nombre d'Annelés, il existe, dans chaque anneau du corps, des organes s'ouvrant à l'extérieur et présentant le plus souvent la forme de longs tubes tortueux, glandulaires sur une portion plus ou moins grande de leur longueur, munis intérieurement de cils vibratiles et se terminant, à l'intérieur du corps, par un pavillon béant et vibratile. Chez les Naïdiens ce pavillon traverse, en général, la cloison antérieure de l'anneau dans lequel est situé le tube tortueux; il en résulte que chaque anneau du corps communique avec l'extérieur par l'intermédiaire d'un tube situé dans l'anneau suivant et s'ouvrant à l'extérieur à travers les téguments de ce dernier anneau. Williams a donné à cet appareil le nom d'organe segmentaire (segmental organ). Les orifices de ces organes segmentaires sont chez nos Lombrics et chez les Naïdiens situés en avant de chacun des faisceaux de soies de la rangée inférieure.

1. Quarterly Journal of microscopical science, janvier 1865.

2. Transactions of the Royal Society, vol. CXLVIII, 4858. Researches on the structure and homology of the reproductive organs of the Annelids.

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